L’école, lieu de construction du sexisme

Le dernier rapport du Haut Commissariat à l’égalité souligne que l’école est le lieu de cristallisation du sexisme en France. Une personne sur deux considère qu’en France les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement. Les filles subissent des discriminations quotidiennes qui s’illustrent notamment dans le temps de parole qui leur est accordé (30% de moins que les garçons), le partage de l’espace ou encore l’orientation (74% des femmes déclarent ne jamais avoir envisagé leur carrière professionnelle dans les domaines techniques ou scientifiques). Ces inégalités et discriminations sont liées à des carences dans l’éducation. Le rapport souligne que les situations de sexisme ne sont pas prises en charge. L’enseignement à la vie sexuelle et affective n’est pas enseigné comme il le devrait également(2/3 des personnes interrogées n’ont jamais suivi une seule séance d’EVAS). Pour finir, les femmes et les minorités de genre restent sous-représentés dans les contenus scolaires. L’école joue donc un rôle central dans la perpétuation des inégalités et des discriminations dont les filles et les femmes.

Le rapport pointe également les injonctions vestimentaires dont sont victimes les jeunes filles à l’école.

Depuis la rentrée 2023, le port de l’abaya est interdit dans les écoles, transformant un peu plus les établissements publics d’éducation en lieux de répression et de discrimination sexiste et raciste. Cette interdiction s’inscrit dans la continuité des offensives racistes et islamophobes mises en place, sous-couvert de laïcité, depuis la loi de 2004.

Cette nouvelle restriction ouvre un peu plus la porte à l’intolérance et à l’arbitraire. Est-ce à l’institution scolaire de décider et de contrôler les tenues des filles et si une tenue est religieuse ou pas ? Un vêtement peut-il être une menace ? Comment faire la différence entre une robe longue autorisée et une robe longue interdite, si ce n’est en fonction de la personne qui la porte ? Le seul fait de se poser la question est une discrimination. Cette nouvelle injonction traduit une suspicion généralisée à l’égard des élèves musulman·es ou perçu·es comme tel·les. Imposer l’interdiction de l’abaya revient à réduire les élèves au silence, à refuser leur apparence, et leur appartenance culturelle. Refuser à des élèves d’assister à des cours à cause de leur tenue constitue une violation de leur droit à l’éducation.

Cette nouvelle mesure engendre des pratiques discriminatoires racistes, mais aussi sexistes. Les crispations sur les tenues vestimentaires à l’école concernent avant tout les filles, elles entravent leurs libertés. En décrétant comment les filles peuvent s’habiller, l’État véhicule des stéréotypes sexistes, racistes et coloniaux. Il faut apprendre aux filles que leur corps leur appartient et que leurs choix vestimentaires ne sont ni des menaces ni des invitations. Cette stigmatisation des filles et plus particulièrement des élèves musulman·es ou supposé·es musulman·es fait le jeu des discours islamophobes. Dans la tradition patriarcale, elle s’ajoute aux nombreuses prescriptions sexistes visant à contrôler le corps et les vêtements des filles et des femmes.

SUD éducation appelle à se mettre en grève le 8 mars et à participer massivement à toutes les initiatives et mobilisations.

SUD éducation revendique :

Une organisation du travail revue au prisme de la vie globale des agentes - notamment avec la tenue de réunions et d’instances d’établissements sur le temps de travail, et une réduction du temps de travail pour éviter les recours au temps partiel ;

  • Une revalorisation des salaires et des carrières pour les métiers féminisés en application de la loi « travail de valeur égale, salaire égal » et des moyens spécifiques pour mettre en œuvre des mesures immédiates de rattrapage salarial ;
  • l’application pleine et entière de la circulaire du 9 mars 2018 relative à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans la fonction publique ;
  • Le bénéfice systématique de la protection fonctionnelle par le protocole Égalité pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles au travail et les violences conjugales avec, par ailleurs, l’abrogation du jour de carence pour toutes et tous ;
  • La fin des injonctions sexistes et des violences racistes, sexistes, et lgbtphobes à l’encontre les élèves à l’école ;
  • la mise à disposition de protections périodiques dans tous les établissements ;
  • L’effectivité des séances d’éducation à la sexualité prévues dans les textes officiels et la prise en compte dans le programme de ces séances d’une perspective non hétérocentrée et cisgenre, qui mette sur un pied d’égalité toutes les orientations sexuelles et toutes les identités de genre ;
  • La suppression de la clause de conscience spécifique des professionnelles de santé et l’allongement des délais légaux pour avorter ;
  • Des moyens financiers pour permettre l’accès à l’IVG sur tous les territoires et la garantie de la production des pilules abortives afin d’empêcher toute pénurie
  • La mise en œuvre d’un congé menstruel sous la forme d’ASA (Autorisation Spéciale d’Absence), à raison de vingt jours par an sans justificatif, et sera sans jour de carence ni délai.
  • La reconnaissance de l’endométriose comme affection longue durée en tant qu’ALD 30 (prise en charge à 100 % des soins conventionnés et des déplacements sans avance de frais, congés maladies sans jour de carence, aménagement du temps de travail…)