Police dans les établissements, aux dépens de l’éducation

Nicolas Sarkozy a annoncé la signature d’un protocole dans les Hauts de Seine entre 12 collèges et la police nationale.

Suivant les termes de ce protocole, chacun de ces établissements se verra désigner un « policier référent » chargé de différentes missions comme conseiller le chef d’établissement dans les domaines de la sécurité, recueillir les plaintes et les signalements, tenir une permanence pour les élèves et personnels, faire des rappels à la loi...

Cette décision est invraisemblable. Si l’on y ajoute la banalisation des systèmes de vidéosurveillance et de fichage précoce, quel message envoie-t-on alors aux élèves sur l’autorité des adultes dans les établissements scolaires ? Que seuls la force armée et l’encadrement sécuritaire sont aujourd’hui capables d’obtenir le respect et d’imposer une autorité.

Outre que c’est totalement faux (les émeutes de novembre 2005 l’ont démontré), cela décrédibilise davantage l’autorité des enseignants, qui, elle, est fondée sur la parole et le contrat éducatif - contrairement à celle de la police... Notamment celle prônée par le Ministre de l’Intérieur :« La police, ce n’est pas du social, vous êtes là pour arrêter les voyous, pas pour organiser des matches de foot » (N.Sarkozy en 2003).

Or c’est précisément la spécificité de l’autorité enseignante, appuyée sur l’émancipation que l’élève peut espérer tirer du contrat éducatif qui règle leur relation, qu’il faut valoriser et remettre en avant. Sinon, tout ce qu’on gagne, c’est d’exacerber toujours plus un affrontement destructeur entre représentants de l’Etat et jeunes défavorisés.

Qu’aurait apporté la présence d’un policier dans l’établissement, lorsque la collègue d’Etampes s’est faite poignarder dans sa classe ? C’est pourtant la seule mesure proposée par le Ministre de l’Educationale après ce sinistre événement, tandis que l’administration centrale se dédouanait de toute responsabilité. A force de décrédibiliser les personnels enseignants au profit de la surveillance généralisée, de la répression violente et de la dénégation de la parole et du dialogue, on sape les principes mêmes de l’éducation.

Cette démagogie sécuritaire est contre-productive et nocive pour tous ; elle rogne les libertés individuelles tout en dévaluant constamment les valeurs de démocratie et de citoyenneté qu’elle prétend protéger.

Réagissons avant qu’il ne soit trop tard et que Big Brother ne devienne trop puissant !

Branko et Vincent